Intervenants :

Jean-Christophe Crespel, directeur du développement (La Guilde), également représentant de France Volontaires

Audrey Crocker, consultante (UrbaConsulting / Hydroconseil)

Hélène Bromblet, chargée de mission opérationnelle (Gevalor)

 

En évitant de refaire l’inventaire des différents types de volontariats VIE, VIA, VSC, VSI, etc (déjà réalisé lors des éditions précédentes de DEFIS SUD), l’objectif de ce débat fut de questionner l’engagement volontaire, ses conditions, la préparation au départ, la valorisation dans son parcours professionnel afin d’aider des volontaires potentiels à y voir plus clair.

Le débat a permis à d’anciens volontaires (qui aujourd’hui emploient des volontaires !) et un « expert » représentant de la Guilde et de France Volontaires de partager leur expérience et leur impression du volontariat.

Qu’est-ce que c’est « être volontaire » ?

Pour le public, le sujet est encore en réflexion et en phase de découverte. Beaucoup ne connaissent pas la palette de possibilités proposées par le volontariat.

Certains pensent que c’est plutôt un investissement personnel, un moyen d’acquérir une expérience de terrain, mais ne sont pas convaincus d’une réelle valorisation de cette expérience dans le parcours professionnel.

Il y a différentes visions du volontariat : pour certaines missions, le volontariat peut être une première expérience constituant un tremplin pour décrocher un emploi par la suite, pour d’autres, il est davantage destiné à ceux qui disposent de compétences déjà vérifiées sur le terrain et qui justifient d’une expérience professionnelle. La règle, c’est en gros qu’il n’y a pas de règle !

 

Audrey Crocker : En 2010, au Congo, à Kinshasa, après un MASTER suivi de 2 stages, j’ai postulé à plusieurs Volontariats Internationaux sans trouver chaussure à mon pied. Puis, après une autre année d’études, je suis partie en stage chez Hydroconseil, qui a débouché sur un VIE. Je n’ai pas cherché spécifiquement un VIE mais tout type de contrat qui permet d’enrichir mon profil d’une expérience à l’étranger. 

 

Hélène Bromblet : A Gevalor, il y a surtout des VSI (Volontariat de Solidarité Internationale) et des services civiques. Comment « vendre » le volontariat ? Avec des besoins spécifiques, le volontariat permet de faire le lien entre le siège et les projets de terrain. Les objectifs sont généralement bien définis et le volontaire bien encadré. Il est très rare d’envoyer des personnes sans expérience préalable à l’étranger. Cela reste cependant possible.

 

Jean-Christophe Crespel : Pour répondre à l’inquiétude des futurs volontaires, il existe DES volontariats (cf. Guide du volontariat à l’international), à différencier du bénévolat, car il y a une indemnité qui témoigne d’un engagement. Certains volontariats sont accessibles à 16 ans. D’autres, comme le VSI, de 18 à 60 ans et plus.

Pour les plus jeunes, il s’agit de missions très courtes, sans vrai côté « pro » : découverte, échange interculturel. Les VSI et VI se veulent plus professionnalisants et plus techniques. La moyenne d’âge des VSI en France est de 34 ans et beaucoup de volontaires s’engagent après avoir connu un métier.

 

Audrey Crocker : En termes de responsabilités et de vie à l’étranger, les volontariats sont bien encadrés mais disposent d’une véritable marge de manœuvre pur entreprendre. C’est une très bonne expérience d’apprentissage qui permet de changer son comportement et ses responsabilités.

 

 

Quelles sont les difficultés quant à l’encadrement ?

Hélène Bromblet   : Un encadrement local est aussi nécessaire, le volontariat a généralement un responsable local, même officieux. L’encadrement se fait aussi à distance par échanges de mail, par Skype, ou par missions de terrain avec l’autorité officielle.

 

Audrey Crocker : Dans les zones isolées, cela peut être compliqué. Il faut avoir conscience que ce n’est pas toujours idéal.

 

Germain Labonne : En VIA, en Ambassade, on est le petit jeune, donc moins considéré. Cet aspect est même amplifié lorsqu’on est VSI. Il est souvent préférable de dire qu’on est responsable d’un projet pour éviter de déconsidérer son rôle en évoquant sa position de « volontaire ». Cela dépend de l’interlocuteur et de son acceptation de cette notion.

 

Jean-Christophe Crespel : Un volontariat représente beaucoup de responsabilités et d’autonomie. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est une sacrée expérience qui fait grandir humainement et professionnellement.

Le service civique est particulier car plus récent, et réalisé souvent en France (plus de 97 %). Il est aussi plus « junior », nécessitant un tuteur et ne permettant pas d’accéder aux mêmes responsabilités qu’un VSI ou un VI.

 

Quelles sont les attentes salariales ?

Jean-Christophe Crespel : Attention, si vous voulez être salarié, ne postulez pas à un volontariat. Cela ne doit pas être un choix par défaut. Le volontariat offre une indemnité, ce n’est pas un salaire.

Dans la réalité économique des structures, l’indemnité n’est pas forcément « juste ». Le manque de moyens peut générer des disparités d’indemnisation. Généralement, une indemnité plus élevée requiert plus de compétences. Aussi, le VSI dépend de la logique géographique des indemnités.

 

Audrey Crocker : les salaires sont plus élevés dans des pays dits compliqués. Pour un VIE, le logement peut être déduit du salaire, les frais de transport et le téléphone sont remboursés, et la logistique projet aide le volontaire.

Comment faire valoir ses attentes « salariales » ? Il y a peu de marge de manœuvre en termes de négociations concernant l’indemnité, comme les objectifs et les responsabilités.

 

Comment valorise-t-on son volontariat ?