Catégorie : Sur le Terrain

Jour : Vendredi 30/01/2015

Heure : 16h30

Lieu : Salle Tilleul

 

Animation : Julie Aubriot, présidente du réseau projection

Intervenants :

- Eric Mounier, Réalisateur

- Virginie Rachmuhl, responsable de projets de développement urbain, GRET

- Bruno Valfrey, directeur et expert institutionnel, Hydroconseil

Les sujets abordés ont été :

- L’utilité de l’évaluation et les mécanismes

- Quid de l’évaluation filmée ? Quelle place par rapport à l’évaluation écrite ?

- Le point de vue d’une ONG commanditaire avec l’illustration de l’évaluation participative d’un projet.

Illustration réalisée par Hélène Pouille

Les évaluations de projets sont des exercices imposés par l’ensemble des bailleurs de fonds. Elles nécessitent donc un budget dédié, et doivent être externes et indépendantes.

 

Au-delà de l’exercice imposé, à quoi sert l’évaluation du projet ? Est-ce un contrôle pour rassurer les bailleurs ou bien un outil au service du changement des pratiques des acteurs du développement ?

Bruno Valfrey a réalisé dans le cadre de ses missions des évaluations sur la mise en œuvre de programmes de certaines ONG ou autres organisations. Hydroconseil conduit une dizaine d’évaluations par an avec des clients très différents.

 

A quoi sert une évaluation ?

Ces interventions arrivent en fin de cycle de projet et ont trois principales finalités :

- Contrôler : C’est la finalité principale, parfois la seule. L’évaluation permet de savoir si les objectifs sont atteints, si l’argent est dépensé à bon escient, et si les délais sont respectés.

- Informer : L’évaluation permet aussi simplement de présenter ce qu’il s’est passé. Le but étant que chacun des commanditaires et bénéficiaires soient informés et puissent bénéficier du projet. Cela permet aussi de ne pas perdre en vue les objectifs.

- Gérer : L’évaluation se place à la fin du cycle projet et permet donc de gérer la suite, comme proposer une phase 2 qui tient compte des expériences acquises en phase 1 (gain de rentabilité, d’efficacité).

 

Les évaluations restent souvent dans les tiroirs par manque de volonté des commanditaires. Pourtant elles sont indispensables pour la suite des projets.

 

Les mécanismes de l’évaluation :

Evaluer, c’est mesurer, ce qui veut dire que derrière une évaluation, il y a des indicateurs. Il faut donc être clair sur ces indicateurs afin d’évaluer les objectifs censés être atteints.

On est aussi censé avoir une approche multidirectionnelle pour être le plus pertinent. La position de l’évaluateur n’est pas forcément facile, car c’est « un œil qui juge, pris dans des guerres de pouvoirs »

D’autre part, quand on évalue, en fin de projet, on n’a aucune visibilité sur les impacts. C’est pourtant la donnée la plus importante, qui doit apparaître dans l’évaluation finale de projet.

 

Eric Mounier a réalisé une évaluation filmée pour l’évaluation d’un projet d’accès à l’eau en Afrique du Sud pour le compte de l’AFD.

 

Les évaluations filmées reflètent un souhait du bailleur de pouvoir rendre son travail évaluatif plus visible et pédagogique. Elle repose sur la capacité de l’audiovisuel à pouvoir donner des informations fiables, sérieuses et qui peuvent être prises en compte. A côté, les évaluations écrites sont-elles vraiment lues ?

 

Quelle est la valeur évaluative de l’audiovisuel ?

Le film sur l’évaluation filmée du projet Eau à Soweto est entièrement disponible en ligne sur le site de l’AFD. Le spectateur peut facilement y accéder et se faire son opinion.

Le film reprend l’histoire du projet en développant les critères évaluatifs de l’OCDE (efficacité, efficience, pertinence, durabilité, impact). Les principales questions qui ont construit l’évaluation sont :

- Pourquoi est-on intervenu dans cet endroit ?

- Est-ce que la demande est justifiée, pertinente ?

 

La différence entre l’image et l’écrit :

De manière globale, l’évaluation est une mission d’investigation. L’écrit et l’audiovisuel ne racontent pas la même chose et n’ont pas le même impact.

L’écrit possède des capacités d’analyse : chaque composante du projet peut être regardée en détail. L’audiovisuel donne une multitude d’informations, mais pas de la même nature : ces infos sont beaucoup plus riches sur le contexte et offrent une notion de ressenti et de perception.

L’écrit et l’audiovisuel sont en fait parfaitement complémentaires. L’écrit tient compte du filtre de l’évaluateur tandis que le film donne directement la parole aux personnes concernées. Il faut associer les deux.

 

Virginie Rachmuhl a été le commanditaire d’une enquête sociale sur un projet d’amélioration des services d’eau et d’assainissement à Port-au-Prince, réalisée par Spora bureau d’études espagnol.

 

L’enquête sociale était une étude qualitative d’impact pour évaluer les changements en termes de pratiques, d’image et d’appartenance au quartier. Le but était de recueillir le point de vue des habitants, leur perception des aménagements réalisés au cours du projet et l’évolution des pratiques et représentations suite aux aménagements.

La méthode utilisée combinait plusieurs techniques. La plus originale était l’utilisation de la photographie. Des ethnographes citoyens ont pris des photos illustrant d’après eux les changements positifs du quartier et les transformations encore nécessaires ou points négatifs. Une sélection des photos a été exposée dans plusieurs lieux du quartier afin que les passants les voient et apportent leurs commentaires. Cette méthode a apporté un dialogue et une confrontation des opinions des habitants. Le bureau d’étude a produit un diaporama, la maquette d’un cahier avec les photos commentées par les éthno-citoyens et un rapport d’étude plus conventionnel.

Au total, le processus, depuis la rédaction des termes de référence jusqu’à la clôture a pris 15 mois, dont 9 mois entre la première version des termes de référence et la signature du contrat avec le prestataire lauréat de l’appel d’offres, et 6 mois pour la réalisation de l’étude et la finalisation des livrables.