Intervenants :

Vaia Tuuhia, Déléguée générale, association 4D

Gérard Payen, Conseiller pour l’eau et l’assainissement du Secrétaire général des Nations Unies

Claire Delessard, Conseillère négociations Agenda post-2015, Ministère des Affaires étrangères et du Développement international

 

Les sujets abordés :

Le bilan des OMD, notamment pour l’accès à l’eau potable et l’accès aux toilettes

Les futurs objectifs pour 2030 : les Objectifs de Développement Durable (ODD)

Les indicateurs pour suivre des objectifs mondiaux

Les négociations pour la préparation du cadre de développement post-2015.

Quizz

Question 1 : Selon l’ONU, la cible sur l’accès à l’eau des OMD a été atteinte en 2010. Aujourd’hui, combien de personnes n’ont pas accès à l’eau potable ?

A. 750 millions de personnes

B. 1,8 milliard de personnes

C. On ne sait pas très bien...

Le chiffre de 750 millions de personnes correspond à l’indicateur utilisé par les Nations Unies pour mesurer l’atteinte de la cible eau de l’OMD 7. Il s’agit du nombre de personnes qui utilisent une source d’eau qui est également utilisée par des animaux. La cible a été annoncée comme « atteinte » mais la réalité sur le terrain est bien plus complexe : l’indicateur de l’OMD ne mesure pas la qualité/potabilité de l’eau. Aujourd’hui, il n’y a aucune statistique officielle sur l’accès à l’eau « potable ». Des études récentes estiment à au moins 1,8 milliard le nombre de personnes qui consomment une eau contaminée par des matières fécales. Le droit de l’homme à l’eau potable n’est pas satisfait pour un nombre supérieur de personnes de l’ordre de la moitié de l’humanité. Concernant, la cible pour l’assainissement des OMD (qui vise à améliorer l’accès à des installations sanitaires, c’est-à-dire aux toilettes), 2,5 milliards de personnes n’ont pas accès aux installations sanitaires.

Les indicateurs des OMD avaient des imperfections, ce qui pouvait les rendre peu crédibles. Un enseignement tiré par la campagne de la société civile « Post-2015 : Transitions pour un monde juste » est que ce qui doit être mesuré renvoie au bien-être de tous.  Cette définition du bien-être ne peut être définie autrement que par les citoyens eux-mêmes. Tous les acteurs doivent participer à la définition du contenu des indicateurs, leur mise en œuvre et leur suivi.

Question 2 : L’un des principaux résultats des OMD est qu’ils ont permis de renforcer l’action collective pour :

A. Réaliser les droits humains

B. Réduire les inégalités

C. Réduire la pauvreté

D. Rien de tout cela…

A l’échelle globale, il y a des progrès dans différents domaines : réduction de la pauvreté, progrès dans la lutte contre les maladies, scolarisation... Mais ces objectifs mondiaux masquent des inégalités importantes. En outre, ces objectifs ont été pensés par secteurs (par « silos »). Des dimensions importantes en étaient absentes : la gouvernance, la stabilité, la durabilité, l’énergie, les ressources naturelles… Cependant, les OMD ont permis des progrès des politiques internationales et nationales : par exemple, les toilettes et l’accès à l’eau potable sont devenus des objectifs importants dans l’élaboration des politiques nationales des pays en développement.

Question 3 : Pourquoi la communauté internationale veut-elle se fixer de nouveaux objectifs pour 2030 ?

A. Pour prolonger les OMD afin de les atteindre tous

B. Pour fixer des objectifs universels pour un développement durable

C. Pour fixer des objectifs contraignants réellement mis en œuvre

La réflexion actuelle, issue de la Conférence de Rio+20, porte sur l’élaboration d’un ensemble d’Objectifs du Développement Durable (ODD) autour des trois dimensions du développement durable : environnementale, sociale et économique. Contrairement aux OMD, ces objectifs seront universels, c’est-à-dire applicables à tous les pays. Les ODD actuellement envisagés sont au nombre de 17, avec environ 170 cibles associées. Ces objectifs et cibles ont été adoptés en juillet 2014 par le « Groupe de Travail Ouvert sur les ODD » de l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui rassemblait 70 Etats dont la France. La France est satisfaite de cette proposition qui représente un équilibre politique et qu’il faut tenter de conserver dans les négociations intergouvernementales qui mèneront à l’adoption du document final du sommet de septembre 2015. Le nombre de cibles peut paraitre très ambitieux et soulève la question des moyens de mise en œuvre du futur agenda, lesquels font l’objet de négociations parallèles (notamment le processus de la Conférence d’Addis Abeba sur le financement du développement en juillet 2015).

Question 4 : Dans le texte actuel des négociations post-2015, quels services essentiels font l’objet d’un ODD spécifique ?

A. L’eau et l’assainissement

B. Les déchets

C. L’énergie

D. Les transports

L’eau et l’assainissement et l’énergie font partie des grands Objectifs proposés. Chacun fait l’objet de plusieurs cibles. Les déchets et les transports sont des cibles de l’objectif n°11.

Mais au-delà de la formulation des Objectifs, ce sont les cibles et les indicateurs qui importent le plus. C’est ce qui sera véritablement mesuré. L’ODD n°6 sur l’eau est plus large que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, il intègre aussi les questions des eaux usées, de la gestion et préservation de la ressource, de la protection des écosystèmes. Concernant les indicateurs, un des  travaux en cours est celui de la mesure statistique de la dépollution des rejets des activités humaines.

Dans les négociations, la France a, en particulier, mis en avant les sujets eau, climat et gouvernance. Certains Etats sont réticents autour des thèmes de paix, stabilité, gouvernance. Les acteurs locaux (villes, sociétés civiles) participent de plus en plus aux discussions onusiennes.

Les négociations s’achèveront lors d’un Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements en septembre 2015, où seront définitivement adoptés les ODD. Les Indicateurs risquent de n’être adoptés qu’au printemps 2016.

Idées clés

Le bilan des OMD, qui visaient à réduire la pauvreté à l’échelle globale, est contrasté. Des progrès sont notables, notamment dans la formulation des politiques et dans certains domaines, mais les indicateurs de suivi étaient souvent lacunaires, comme dans le cas de l’accès à l’eau potable.

Le but des ODD est de fixer un ensemble d’objectifs universellement applicables autour des trois dimensions du développement durable, à horizon 2030. Le Groupe de travail ouvert sur les ODD a proposé une liste de 17 ODD, soutenue par de nombreux Etats. L’enjeu est désormais de s’accorder sur des cibles et d’identifier des indicateurs de suivi adaptés et fiables.

 

Pour en savoir plus 

Liste des ODD proposés par le Groupe de travail ouvert :

https://sustainabledevelopment.un.org/sdgsproposal

Site des Nations Unies sur les négociations post-2015 :

https://sustainabledevelopment.un.org/post2015

 

Capitalisé par : Mario OUOBA DIEYABDI